Quand elles abattent un homme de Daech, les combattantes kurdes poussent un youyou pour faire savoir à celui-ci qu’il a eu le déshonneur d’être tué par une femme et que les portes du paradis resteront closes pour lui… De ce fait de guerre authentique est née l’idée de l’ambitieuse « No man’s land », série en huit épisodes que nous propose ArteTV en exclusivité avant une diffusion TV en novembre prochain. (dont la fin ouverte appelle une suite…).La série nous plonge au cœur du combat de ces militantes , au cœur du conflit syrien, en 2014.
Créée par une équipe israélienne, réalisée par le russo- tchékoslovaque Oded Ruskin et écrite en collaboration avec le réalisateur français Xabi Molia, la série No Man's Land navigue entre le drame familial et le thriller d’espionnage.
Drame familial dont il est question d’entrée dans la série puisque
L’histoire est celle d’Antoine, un jeune parisien bourgeois apparemment banal, qui un jour reconnaît, dans la vidéo d’une explosion en Syrie, Anna, sa soeur disparue. Convaincu qu’elle combat parmi les forces kurdes, il décide d’aller voir lui-même, et se retrouve très vite dans le feu de l’action entre les principales forces actives sur le terrain moyen-oriental : les bataillons kurdes, ceux de Daesh, et des agents secrets. Nous sommes donc dans cette partie là de l’histoire dans le thriller d’espionnage sur fond de guerre.
L’histoire de départ peut paraître finalement assez banale puisque une sœur disparue que l’on croit retrouver des années plus tard n’est pas en soit une innovation scénaristique. Mais tout cela n’est qu’un point de départ pour nous immerger dans une guerre sanglante et révoltante la Syrie de 2014…Pas si loin de nous en fait…et pourtant y avons-nous prêté suffisamment d’attention à l’époque ? C’est certainement la première question que la série incite à se poser… 
D’autres vont suivre au fil du visionnage des épisodes…Pourquoi s’engage-t-on auprès de Daesh ? Pourquoi rejoindre des brigades internationales aux côtés des Kurdes ?...L’engagement pour nous tous n’est pas une chose facile que ce soit dans la vie associative politique ou autre…Alors partir à l’autre bout de la terre les raisons d’un tel engagement posent inévitablement questions…et évidemment beaucoup d’admiration… Si la trame principale de la fiction explore l'enquête et les démarches d'Antoine pour retrouver sa soeur en Syrie, une seconde intrigue un peu plus secondaire nous présente Nasser, Paul et Iyad, trois jeunes adultes qui tentent de trouver leur place au sein de l'armée des combattants du djihad. Ce sont eux aussi qui forceront notre questionnement dont je parlais plus haut.
La richesse de la série se situe aussi dans le fait de ne pas prendre partie pour un camp ou l’autre…et dérive aussi à raison de multiples flash back entre l’Occident et la Syrie, mais aussi entre passé et présent…pour mieux comprendre et tenter d’expliquer les actions ou réactions des personnages.
Nous ne sommes pas dans une série américaine et donc pas dans Homeland ou 24h chrono…les scènes de guerre et d’action sont brèves mais efficaces.
 Question casting rien à redire Felix Moati et Mélanie Thierry incarnent Antoine et Anna Habert, un frère et une soeur qui vont s'éloigner l'un de l'autre à la suite d'une violente dispute. Habitués au cinéma, ils excellent dans ce nouveau monde des séries.. À leur côté, Souheila Yacoub (vue récemment dans Les Sauvages sur Canal+) illumine aussi de sa présence la série dans laquelle elle incarne Sarya, une jeune combattante kurde. James Krishna Floyd (Of Kings and Prophets), Dean Ridge (Vikings), Jo Ben Ayed (dont c'est la première série), Julia Faure (Mytho) et le britannique James Purefoy (The Following) complètent la distribution. Ce mélange d'actrices et d'acteurs d'horizons
différents vient apporter crédibilité et force à la fiction.
Réalisée par Oded Ruskin (Absentia, Kfulim), la série est, donc, vous l’aurez compris réaliste. Pas de temps mort…Et tout cela sublimer par la beauté des décors naturels. C'est au Maroc que toute la production et l'équipe de tournage ont posé leurs valises durant plus de huit semaines. Chacun des huit épisodes a demandé environ huit jours et demi de tournage. Sécurité oblige, des policiers et militaires étaient postés à proximité des différents plateaux pour garantir la sûreté des personnes travaillant sur la série. Les moyens ont été mis (environ un million et demi d'euros par épisode) pour que cette fiction audacieuse tienne la route et nous plonge au coeur de l'enfer.
Présenté par beaucoup de magazine ou d’expert en série comme la vraie révélation série de cette automne, je ne peux que vous encourager à franchir ce No man’s Land sur ARteTV ou alors d’attendre patiemment novembre pour le regarder sur la canal 7 de votre téléviseur.
Enfin, pour terminer, sachez que la série pourrait avoir une seconde saison ; "c'est actuellement en cours de réflexion du côté des créateurs", a déclaré la productrice de la société Haut et Court Caroline Benjo.
Benoît
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